Présentation de l’itinéraire Sur les Pas des Huguenots Itinéraire Culturel du Conseil de l’Europe

En 1685, le roi Louis XIV révoque l’Edit de Nantes et un climat de répression s’installe en France. 150.000 à 200.000 huguenots cherchent à fuir la répression et trouvent alors refuge sur des terres protestantes eu Europe, puis pour certains en Amérique du Nord et en Afrique du Sud. Dans le Sud-Est du Royaume de France, la Réforme est très présente. Depuis le Dauphiné, le Languedoc et le Lubéron les départs sont nombreux vers Genève, puis vers l’Allemagne où ils sont accueillis et peuvent s’installer sur les terres mises à leur disposition. Les Vaudois du Piémont qui adhèrent à la Réforme s’exilent et suivent les mêmes chemins.

C’est à la demande des descendants des réfugiés que ces chemins évoquant cette marche vers la liberté ont été retracés. Sur les Pas des Huguenots : Les parcours en France. Ensemble ils représentent un linéaire de plus de 1.200 km. La partie française de l’Itinéraire « Sur les Pas des Huguenots et des Vaudois » est actuellement composée du parcours depuis le Dauphiné (374 km), de la branche provenant des Cévennes (460 km avec l’extension Mialet -Aigues-Mortes) et de la branche queyrassine (200 km). Elle sera prochainement augmentée de la branche venant du Lubéron (180 km).

Le parcours français initial faisait partie de la première certification par l’Institut Européen des Itinéraires Culturels en mai 2013. La branche cévenole l’a rejoint lors de l’évaluation trisannuelle en mai 2017 et l’itinéraire partant du Queyras a été inauguré en août 2018.

www.surlespasdeshuguenots.eu

Randonnées culturelles

La reconnaissance comme Itinéraire Culturel du Conseil de l’Europe est une invitation à organiser tout au long de ces parcours, et à l’année, des rencontres et des manifestations culturelles sur l’histoire du Refuge et de l’Exil Huguenots ainsi que sur les thèmes qui y sont liés : la liberté de conscience et les Droits de l’Homme, la lutte pour la liberté, la tolérance, la citoyenneté européenne et les migrations.

Descriptif historique et le récapitulatif des étapes

Mialet

« Au cœur d’un hameau cévenol et de ses ruelles typiques, au Mas Soubeyran, dans la maison natale du chef camisard Rolland, par des pièces et des documents authentiques, le Musée du Désert fait revivre le passé huguenot et l’Histoire des Camisards… la résistance, la vie quotidienne dans la clandestinité, la longue marche vers la liberté de conscience jusqu’à la révolution. »

Le Musée du Désert est également connu pour la grande assemblée annuelle du premier dimanche de septembre qui réunit entre 12.000 et 15.000 personnes.
Le maréchal de Montrevel commandant les troupes royales s’efforçant de juguler l’insurrection estimait que Mialet était le centre de l’insurrection camisarde. Les accès à de nombreuses grottes considérées comme autant de caches d’entrepôt et d’abris furent alors obstrués et en mars 1703, sous le commandement de l’officier Julien les 670 habitants de Mialet furent déplacés à Anduze.

A noter que c’est à la Baume (grotte) des Aigladines que se tint en 1560 la première réunion constitutive des églises réformées en Languedoc.
Saint-Jean du Gard

Dès le milieu du XVI° comme dans tout le piémont cévenol, les idées de la Réforme furent partagées par la quasi-totalité de la population. Louis XIV fit élever un mur de 5 mètres de haut tout autour de la ville pour couper les habitants de ceux qui résistaient ainsi à son pouvoir. On se souvient que « ceux de la R.P.R. », de la Religion Prétendue Réformée, étaient appelés : révoltés, scélérats, rebelles, fanatiques, mutins, attroupés, brigands, mécontents, malcontents, barbets (vaudois), housards, osards, puis camisards.
C’est dans une lettre du brigadier Julien, écrite à Saint-Jean du Gard le 05/04/1703 qu’apparaît pour la première fois le mot Camisard dans un document officiel.

Abraham Mazel (1677 – 1710) – dont on dit qu’il fut tout à la fois le premier et le dernier des camisards – est né au hameau de Falguières. La maison Mazel acquise en 1995 par l’association éponyme est devenue « Maison vivante des résistances » dont les activités sont orientées sur les résistances d’aujourd’hui : écologie, altermondialisme, luttes contre l’oppression et pour la liberté.
« Maison Rouge » Musée de France, présente dans un cadre prestigieux l’œuvre et la collection de Daniel Travier, créateur et conservateur du musée des vallées cévenoles. 10.000 objets sont exposés parmi une collection de 30.000 pièces évoquant l’histoire, mais aussi à travers les outils du quotidien, la vie domestique et les témoignages de la vie sociale et religieuse.

Il faut rappeler que c’est à Saint-Jean du Gard qu’arriva Robert-Louis Stevenson le 03 octobre 1878 au terme de son périple de 12 jours depuis Le Monastier-sur-Gazeille en Haute-Loire. De ce voyage il fit un récit : « Voyage avec un âne dans les Cévennes » et toujours plus nombreux sont ceux qui le suivent sur ce chemin, avec ou sans âne.

Saint-Etienne Vallée Française

Très tôt les idées de la Réforme avait pénétré dans la vallée. En 1530, Hector-Raymond de Cadoine, seigneur de Saint-Etienne de Val-Francesque est banni par le parlement de Toulouse, ainsi que son épouse ; leurs biens sont confisqués du fait qu’ils adhèrent aux idées de la Réforme. De nombreuses assemblées clandestines se tinrent dans les environs de Saint-Etienne au moment et après la révocation de l’édit de Nantes en 1685 ; on sait que l’assemblée du Mas Degoutal a réuni en 1686 un grand nombre de fidèles autour du prédicant François Vivent qui prônait la résistance armée. Vivent dut s’exiler en 1687 et revint en Cévennes en 1689.

Les troupes royales établirent un long campement à Saint-Etienne qui devint ainsi une garnison que les camisards tentèrent en vain de prendre en janvier 1703. Le bourg, devenu lieu de rassemblement de la population lors du grand brûlement des Cévennes à l’automne 1703, a ainsi été protégé des destructions massives opérées par les troupes royales.
L’ancien nom de la commune était Roqueservières (château de la forêt). Ce sont les bénédictins qui la placèrent sous le patronage de Saint-Etienne. Le qualificatif Vallée Française vient quant à lui de Val Francesque, vallée franque, quasi enclave bordant la Septimanie wisigothique entre les V° et VII° siècle. Pendant la révolution Saint-Etienne fût appelée Vallée-Libre ou Val-Libre. On retrouve là encore cette notion de résistance et de limite.

Saint-Germain de Calberte

Dans son « Histoire Ecclésiastique », Théodore de Bèze signale que la Réforme fut prêchée à Saint Germain de Calberte dès les années 1540 et qu’un temple y fût construit. Il mentionne l’action, en 1560, d’un « auparavant libraire à Genève », ce qui montre bien d’où et comment circulaient les idées réformées.

Au XII° siècle Saint-Germain était rattaché au couvent bénédictin de Sauve, au XIII° la commune fut attribuée au roi de France après un long procès (37 ans) qui l’opposa aux évêques du Gévaudan et au XIV° il y fut créé un « hôpital », maison d’accueil à La Garde et le pape Urbain V y créa un établissement d’enseignement (studium).

Les 31 décembre 1702 et 01 janvier 1703 les camisards attaquèrent la garnison basée à Saint-Germain, mais furent repoussés. Un de leur chef, Jacques Couderc, du hameau du Mazel Rosade, surnommé La Fleur, était connu pour sa cruauté ; Abraham Mazel dira de lui « qu’il fit plus de mal aux ennemis qu’aucun des autres à proportion. »

L’abbé Du Chaila dont la mission religieuse était de reconvertir les populations au catholicisme avait été nommé en 1693 inspecteur des chemins de traverse et était à ce titre responsable de la centaine de voies de 12 pieds de large permettant une circulation aisée des troupes royales. Par ses actions de conversions forcées, accusé de pratiquer violence et torture, Du Chaila inquiétait l’Intendant du Languedoc, Nicolas de Bâville, qui le trouvait « trop ardent ». Du Chaila fut inhumé le 26 juillet 1702 en l’Eglise de Saint-Germain.

A voir : Château Saint-Pierre et Sculpture Hommage aux Cévenols

ÉTAPE  3 : SAINT-GERMAIN DE CALBERTE – BARRE DES CÉVENNES       17 KM  GR 70 / GR 67

Fontmort / Saint-Martin de Lansuscle

La voie romaine reliant Saint-Germain de Calberte au Plan de Fontmort est chargée d’histoire. Elle permet de découvrir des mégalithes, sépultures à coffre et cupules, et notamment le menhir de Claroudens, seul menhir en quartz connu en Cévennes.

Les fouilles effectuées sur le site de Saint-Clément, à l’aplomb du sommet du Montmars qui culmine à 1164 mètres, d’où l’on voit la mer – Mont-Mar -, révèlent l’existence d’une villa gallo-romaine.
On retrouve plus loin, au Plan de Fontmort, un menhir et l’obélisque érigé à l’initiative des protestants, inauguré le 15 août 1887, année du centième anniversaire de l’Edit de Tolérance.  C’est à Fontmort, qu’après la mort de l’abbé du Chaila, a été arrêté Esprit Séguier, le tout premier meneur de la révolte. Le 13mai1704, eut lieu à même cet endroit l’embuscade tendue par les chefs camisards Rolland, Castanet et Jouany qui leur permit de défaire un convoi transportant des armes et 25.000 écus escorté par 770 soldats. Ce fut la dernière grande victoire des camisards.

A mi-pente se trouvent les vestiges de la Tour de Fontanilles, dont la chapelle date du XI° siècle. Pierre Calvet, seigneur de Fontanilles fut condamné pour hérésie et exécuté à Mende en 1557. Selon Théodore de Béze la famille de Fontanilles aurait construit Le Cauvel dans un site plus abrité, cau-val, le vallon chaud, à l’abri des vents.

En 1703, lors du grand brûlement des Cévennes les quelques 700 habitants de Saint-Martin ont ordre de se regrouper à Barre. En 1705, dans son mémoire sur l’Etat des Cévennes, le maréchal Du Villars cite Saint-Martin comme l’une des paroisses « les plus gâtées » dans lesquelles se regroupent des personnes suspectes qu’il se propose de faire enlever.

Barre des Cévennes

Village-rue des hautes cévennes, la commune tire son nom de la barre rocheuse qui la surplombe. Il y avait 12 à 15 foires annuelles à Barre, réunissant de 10 à 12.000 personnes. Ces foires étaient occasions d’importants brassage de population. Selon l’historien Jean-Paul Chabrol, si les idées de la Réforme sont attestées à Barre dès 1530, cela semble être dû aux échanges avec les autres villes de foires telles Beaucaire, Nîmes, Montpellier ou Avignon.

Le 22 juillet 1702, lors de la grande foire de la Madeleine, la population est à la recherche de renseignements concernant les sept jeunes gens de la vallée qui avaient été arrêtés avec le guide Massip lors de leur tentative de rejoindre Genève. Malgré plusieurs interventions l’abbé Du Chaila refuse de les libérer. C’est à partir de ce refus que la révolte va s’organiser.
Elie Marion, camisard et prophète est né à Barre en 1678. Sa « relation de la guerre des camisards », écrite en 1708 à Londres constitue un important témoignage sur les évènements des années 1702 / 1704.

Projet de centre d’interprétation sur l’agropastoralisme.

ÉTAPE  4 : BARRE DES CÉVENNES – CASSAGNAS  9 KM GR 72

Cassagnas

Le bourg de Cassagnas autrefois desservi par la voie ferrée reliant Saint-Cécile d’Andorge, à Florac est situé au bord de la route nationale 106. Il est bordé au sud par la forêt de Fontmort, sur les flancs du Mont-Mars, à l’ouest de laquelle se trouve le hameau du Magistavols dont était natif Esprit Séguier, un des tous premiers meneurs de la révolte. Plus au nord se trouve le lieudit des trois fayards où se rassembla la troupe des insurgés avant de rejoindre le Pont de Montvert.

Selon l’abbé L’Ouvreleul, Pierre-Esprit Séguier était peigneur de laine. Il le décrit comme un homme d’une mine affreuse, au visage noir, maigre et long, n’ayant pas de dents supérieures.  Il était connu pour être à la tête d’un petit groupe itinérant allant d’assemblées en assemblées pour prêcher la nouvelle religion ; il faisait l’objet de recherches tant de la part de l’abbé Du Chaila que du maire de Barre qui le considérait comme un agitateur, affirmant que le hameau de Magistavols était devenu « un nid à prophètes »

Aux trois fayards (trois hêtres), – lieu de rassemblement connu des réformés qui y tenaient des assemblées clandestines, – les meneurs, Esprit Séguier, Abraham Mazel, Jean Rampon, et Salomon Couderc, organisèrent un rendez-vous pour aller délivrer les jeunes gens et leur guide Massip que l’abbé Du Chaila retenait prisonniers dans la maison qu’il avait requise au Pont de Montvert. Après avoir largement parcouru la montagne pour rassembler une petite troupe, ils furent rejoints par une cinquantaine d’hommes, et décidèrent d’investir le bourg du Pont de Montvert par petits groupes, en chantant un psaume, le 51, selon Jean Rampon. Abraham Mazel dans sa relation indiquera plus tard que le psaume 68, surnommé le psaume des batailles, était particulièrement connu pendant les guerres de religions et craint par les troupes royales que ce chant épouvantait.

Tout comme pour l’ensemble de la vallée de la Mimente, Napoléon Peyrat, qui précéda Robert-Louis Stevenson d’une quarantaine d’années en Cévennes (en 1837), cite l’existence de grottes utilisées comme refuges et caches tant par la population poursuivie pour faits de religion que par les camisards. On peut également citer le rocher des fées, sur la montagne du Bougès, sous lequel les femmes allaient accoucher, la pierre d’Abraham où se pratiquaient des baptêmes « au désert », la caverne des Aberlens, qui fût réutilisée par des réfugiés espagnols en 1940 et la grotte de Magistavols que l’écrivain André Chamson dit avoir servi de dépôt au chef camisard Castanet. Selon le chroniqueur de l’époque, l’abbé L’Ouvreleul en mars 1704, le lieutenant-colonel Corbeville y aurait saisi 100 moutons, 20 bœufs, beaucoup de blé et 2 moulins à bras.  Pour se venger de cette prise les camisards auraient alors incendié le château du Soulier.

ÉTAPE  5 : CASSAGNAS – PONT DE MONTVERT       19,8 KM  GR72 et GR70

Le Pont de Montvert

En 1700, le Pont de Montvert était quasiment entièrement protestant et faisait limite entre les populations catholiques et les populations réformées. C’est au Pont de Montvert qu’en janvier 1702 l’abbé Du Chaila avait fait pendre la prophétesse Françoise Brès. C’est également au Pont que fut exécuté Pierre-Esprit Séguier le 11 août 1702.
Du Chaila avait réquisitionné au Pont de Montvert la maison d’André, notaire royal qui était poursuivi pour cause d’hérésie et se cachait dans les Cévennes ; ce dernier fut arrêté au Castandel, près de Saint-Germain de Calberte où il mourra en 1686. L’abbé avait aménagé les caves de cette maison en lieu de contention particulièrement sévère et c’est là qu’il tenait prisonniers les sept jeunes gens et le guide Massip.

Ainsi que prévu, la petite troupe d’une cinquantaine de personnes formée aux Trois Fayards entre dans la commune dont elle prend le contrôle. Abraham Mazel demande la libération des prisonniers, l’abbé finit par leur lancer la clé de la porte d’entrée… les attroupés constatent alors que Du Chaila n’entend pas libérer Jean Massip toujours enfermé dans un cachot, ils mettent alors le feu à l’édifice. Du Chaila se blesse en tentant de s’échapper par la fenêtre du second étage, reconnu, il sera arrêté, puis tué de cinquante-deux coups de couteau après avoir refusé de se repentir comme le lui aurait demandé Esprit Séguier : « Dieu ne veut pas la mort du pêcheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vivre, accordons-nous lui la vie s’il est en état de nous suivre et de faire parmi nous les fonctions de ministre de l’Eternel », ce que l’abbé refusa : « plutôt mourir mille fois. »

Après ces évènements, deux groupes se forment. L’un pour continuer le chemin vers le Refuge, avec Jean Massip et s’éloigner ainsi de la scène du meurtre, l’autre pour poursuivre l’action de lutte contre la répression, avec une action tout aussi violente au hameau de Frutgères. C’est ainsi que les Cévennes s’embrasèrent.

Le pont qui enjambe le Tarn date du XVII° siècle. Les ponts précédents avaient été emportés lors de crues. Le bourg est dominé par le sommet de Finiels qui culmine à 1699 mètres et par les hameaux du Mont-Lozère, notamment l’Hôpital avec les croix de Malte gravées sur les pierres, de même, tout au sud, sur le Bougès, se trouve le hameau de Grizac avec le château de la famille de Grimoard dont était issu le pape Urbain V, (1310 – 1370).

Les transhumances ovines et les élevages de bovins restent importants sur le Mont-Lozère et le Bougès.

En allant vers le Mas de la Barque, à proximité : La Fau des Armes où en il y eut en 1689 un essai de jonction avec les rebelles du Vivarais et en 1697 assemblée avec Roman. En juillet 1731, assemblée présidée par Corteiz, de retour de Suisse, avec Rouvière, Combes et Claris.

Génolhac

Au XIII° siècle, Génolhac était rattachée à la seigneurie d’Anduze.

Un couvent de dominicains y est fondé en 1300, après la croisade des albigeois.

En 1562 Génolhac est contrôlée par le huguenot Claude de Chalançon. En 1703 Nicolas Jouany qui avait participé à l’action de libération des prisonniers au Pont de Montvert, prendra la ville ; ce sera la seule ville de garnison prise par les camisards.

La commune avait très tôt été gagnée par le protestantisme qui y restait fortement implanté, même après la révocation de l’Edit de Nantes en 1685. Ceci explique pourquoi fut établie à Génolhac une des quatre Missions « chargées de distribuer du seigle aux nouveaux convertis affamés, et aussi d’instruire ceux qui viendraient en chercher. » Les assemblées au désert perduraient cependant animées notamment par le prédicant David Quet. L’une d’entre elle fut surprise en mars 1688, sur dénonciation du curé de Génolhac. Cinq personnes y furent arrêtées.

Sur la liste des personnes condamnées aux galères pour fait de religion en mai 1690 on trouve le nom de Louis Leyris, chirurgien de Génolhac.

Les lettres de prédicants partant de Genève pour rejoindre les Cévennes indiquent qu’en 1690 la distance était parcourue 9 jours : départ de Genève le 22 janvier, arrivée à Génolhac le 30.

Il est à noter qu’un nouvel aménagement de la voie Régordane avait été envisagé au XVIII° pour assurer le contrôle des régions réformées. La voie Régordane est connue depuis le IX° siècle. Elle reliait le Puy en Velay et l’Allier à Saint-Gilles dans le Gard, d’où son autre nom : chemin de Saint-Gilles. Le port de Saint-Gilles fut abandonné au profit de celui d’Aigues-Mortes. La Régordane désigne l’ancienne province comprise entre Alès, Pradelles et Largentière. Cette grande voie a suscité un certain développement de la commune de Génolhac.

A voir : le centre bourg avec ses ruelles dans lesquelles sont encore organisées des fêtes médiévales ; voir de même les maisons en granit des XV° et XVI° siècles, l’église saint-Pierre datant du XI° siècle, remaniée au XVI° avec son clocher à peigne. Le temple a été construit au XIX° siècle, sur les ruines de l’ancien couvent dominicain.

Le pont aqueduc, appelé Pont de Jouany, date du XIV° siècle.

La commune a connu deux importantes épidémies de peste, en 1629, puis de 1721 à 1723.

Important fonds documentaire du Parc national des Cévennes. Voie Régordane (GR 700).

A la fin du XIX° siècle Cyprien Vignes, maire de la commune voisine de Vialas était fortement sollicité pour ses talents de guérisseur. Il obtenait des guérisons par sa seule prière. C’était un quasi-pèlerinage s’était alors organisé, notamment depuis la Suisse où il était surnommé « l’homme de Dieu dans les Cévennes ». Il fut même question de mettre en place une liaison ferroviaire entre Genève et Vialas.

Lieu et itinéraire d’évocation et de mémoire : Le chef camisard Jouany.

Dans la commune voisine de Chamborigaud se trouve le quartier du Pont de Rastel où l’écrivain Jean-Pierre Chabrol avait sa maison.

A mi-chemin entre Génolhac et Malbosc, Aujac et le Château du Cheylard, sur son éperon, surnommé la sentinelle des trois Cévennes : Gard, Lozère, Ardèche. Château des XII° et XIII°, avec son imposant donjon et le hameau castral attenant. Son édification a été entreprise par suite d’une décision commune de l’évêque d’Uzès et du baron d’Anduze. A savoir que son pont-levis a été retrouvé de façon fortuite en 2016, lors de la rupture d’une canalisation d’eau.

Malbosc

A Aujac comme à Malbosc, le contraste est saisissant entre les vallées boisées très pentues et les replats seuls habités.

Le village de Malbosc est dominé par son église du XII° siècle. Il ne reste que les vestiges du château datant de la même époque.

En direction de Brahic, voir le hameau de Murjas, puis le village médiéval de Brahic, avec son lavoir couvert et son église romane.

La commune de Brahic a fusionné avec celle des Vans.

Les Vans

Village médiéval, centre historique, église du XII° et retable classé, lavoir couvert, musée du chirurgien (Ollier inventeur de l’orthopédie). Bois de Païolive. Gorges du Chassezac. Musée des Vans.

La commune des Vans a connu une certaine expansion du fait de sa situation de carrefour des grandes voies de communication et son climat favorable à la culture du châtaignier, du mûrier, de l’olivier et de la vigne. La première installation séricicole date de1720 et en 1850 on comptait 12 filatures employant 600 ouvriers, malgré les premiers dégâts causés par la pébrine et la flacherie, ces deux maladies qui décimèrent les vers à soie. En 1858 fut organisée une expédition en Chine pour aller chercher des cocons sains. A la toute fin du XIX° siècle, c’est la vigne qui fut décimée par le phylloxéra.

Du XIV° au XVIII° la commune était entourée d’un grand mur, le barri, comptant 14 tours et 4 portes. La destruction de ces remparts sera entreprise à partir de 1815.

L’histoire religieuse des Vans a été assez tumultueuse. Apparition de la Réforme aux Vans vers 1563 avec le ralliement du clergé local. Jusqu’en 1629 le culte catholique y est banni. En 1665 on compte1.050 protestants pour 658 catholiques, puis seulement 200 protestants en 1685. Ceci montre l’ampleur des départs vers le Refuge.

On estime qu’il y eut près de 3.000 protestants qui sont partis en exil depuis le Vivarais, sur un total de protestants exilés compris entre 140 et 200.000. En général on comptait une dizaine de jours de marche pour gagner Genève. Avec un guide expérimenté le trajet pouvait se faire en sept jours.  Parmi les réfugiés huguenots établis à Lausanne en 1698 on note la présence de Jacques Dupuis, originaire des Vans.

Le départ en exil de protestants occasionna l’arrivée de catholiques, qui redevinrent alors nombreux. Il y eut ensuite coexistence entre les communautés. En 1797 l’église, qui était devenue lieu de culte de la Raison (1793 – 1794) puis salpêtrière, est réaffectée au culte catholique romain. En 1820 création d’une école protestante et 1826, édification du temple rond avec sa façade à colonnes. En 1845, création d’une école et d’un pensionnat par les frères maristes.

2 grottes se trouvent à proximité des Vans :
1) la grotte des Iganous (baoumo iganous : iga en occitan = ravin creusé par l’eau, appelée grotte des protestants depuis 1890. Claris y tint une assemblée en 1734 et selon une tradition, c’est là qu’aurait été rédigé le sermon à la colombe qui initia la tradition pacifiste.
2) celle de la Beaume Bastide, accessible avec des agrès, utilisée par les protestants, puis pendant la Terreur et en 1792 par 8 prêtres réfractaires qui y seront pris et massacrés.

Berrias et Casteljau

Le château de Casteljau, est construit au centre du méandre formé par le Chassezac. Le château initial datant du XII° siècle a été détruit au XVI°, puis reconstruit.

Le Bois de Païolive est une forêt ancienne abritant une exceptionnelle biodiversité. Il est classé en ZNIEFF (zone naturelle d’intérêt écologique faunistique et floristique), Natura 2000 et Espace naturel sensible.
Les Camps de Jalès : Le 18/08/1790 le maire de Berrias invite toutes les municipalités catholiques du Bas-Vivarais, de l’Uzège et d’Alès à se réunir à l’ancienne commanderie templière de Jalès. Sous-couvert d’une fête de la fraternité, ce premier camp réunira 30.000 catholiques contre-révolutionnaires voulant s’opposer aux protestants rassemblés dans la plaine de Boucoiran après « la bagarre de Nîmes » qui opposa du 13 au 15 juin 1790 les catholiques contre-révolutionnaires aux protestants. Un second camp eut lieu du 19 au 23 février 1791 et le troisième du 07 au 11 juillet 1792, réunissant 15 à 20.000 personnes.

Ce troisième camp sera organisé avec un projet contre révolutionnaire affirmé : « Rétablir la religion catholique et les prérogatives de la couronne. »  De retour de Coblence où il avait rejoint le comte d’Artois, frère du roi, François-Louis de Saillans s’était installé le 07/03/1792 à Saint-André de Cruzières ; proche du roi, il était connu pour sa prise du château de Cracovie. Il proposera d’organiser le 15/08/1792 le soulèvement du Midi pour reconquérir le Royaume, mais sans attendre les renforts, il attaquera le château de Banne avec 1.500 hommes, le 04/07/1702. Il en sera délogé, mis en accusation et recherché.  Arrêté alors qu’il tente de fuir en Lozère, il sera exécuté place de la Grave aux Vans le 12/07/1792.

Cette tentative contre-révolutionnaire pèsera lourd dans l’acte d’accusation de Louis XVI, puisqu’à elle seule, elle représente 20 des 35 pièces d’accusation du procès.

Il y aura encore cinq regroupements royalistes à Jalès entre 1793 et 1796.
Grospierres

Le nom de Grospierres vient du latin Gurges petra = gouffre dans la pierre. A proximité se trouve le vieil ensemble du Chastelas (XIV° siècle) à l’origine du village et la chapelle Notre Dame des Songes, du XIII° siècle dont on dit qu’elle aurait été construite à la suite d’un vœu fait par l’épouse d’un chevalier qui l’avait vu en péril lors des croisades, en 1256, et s’engageait ainsi à célébrer son retour.

Le territoire de la commune comporte une cinquantaine de dolmens.
L’actuel château de la Selve, au bord du Chassezac, servit de relais de chasse aux ducs de Joyeuse. Détérioré au XVIII° il a été reconstruit et est devenu un domaine viticole.

Voulant faire une diversion en Vivarais, pour réduire la pression de l’armée en Languedoc, le chef camisard Cavalier organisa une attaque meurtrière d’une grande violence à Grospierres durant laquelle 80 maisons furent détruites et le village voisin de Sampzon fut incendié.

Salavas

Salavas se trouve sur la voie dite « Antonin le Pieux » (II° siècle) qui reliait Nîmes à Alba la Romaine. Selon la légende le nom Salavas vient de la contrebande du sel. Un chargement de sel aurait été versé dans un puit pour éviter de payer la taxe, d’où : fontaine salée, sel lavé, Salavas.

Les idées de la Réforme s’installent dès 1561. Salavas, Vallon et Labastide-de-Virac sont reconnus comme lieux de culte par l’Edit de Nantes en 1598. Salavas fut marqué par le passage des troupes du duc de Rohan en 1628, puis de l’armée de Louis XIII en 1629, avec la démolition des temples.

Antoine Court relate que le prophétisme s’est développé dans la région de Vagnas avec Daniel Raoux, qui saisit de ce « mal étrange », s’était érigé en prédicant : « alors que je ne sais pas lire, je suis une de ces pierres – dont parle l’Evangile – qui crient… destinées à vous réveiller de votre assoupissement et vous exhorter à la repentance. » Il semble que ce soit avec lui que le prophétisme soit passé du Vivarais en Cévennes.

Sarah Salogne témoigne pour sa part : « Des personnes qui disaient mille belles choses pour porter ceux qui les écoutaient à la vraie et solide piété, à une sérieuse réformation des mœurs, à l’horreur de l’idolâtrie papistique et de toutes sortes de superstitions. »

Combats et nombreuses exactions des camisards à Salavas les 20 et 21 janvier 1703 et les 10 et 11 février 1703 à Vagnas. Cavalier à la tête de 800 hommes, échoue dans sa tentative de traverser l’Ardèche et perd 300 hommes. Vagnas sera totalement dévasté et le château des Roure mis à sac.
En février 1704, à Vallon, Julien déplore qu’on ne lui ait pas donné les moyens de lutter contre la « diabolique révolte des Cévennes » qui menace alors de s’étendre au Vivarais.
En avril 1710 A. Mazel, après avoir dormi à Villeneuve de Berg, assiste à une assemblée où prêche une certaine Marthe, le lecteur de la bible étant Antoine Court, alors âge de 14 ans.

Vallon Pont d’Arc

La Tour du Moulin, haute de 21 mètres, commandait le gué permettant de traverser l’Ardèche. Elle a fait l’objet de nombreux combats lors des guerres de religions aux XVI° et XVII° siècles. En 1570 les catholiques s’en emparent, « frustrés du seul moyen qu’ils avaient de faire de la farine », les protestants la reprennent grâce à 4 jeunes soldats déguisées en femmes. Durant les guerres de religion le gué changera ainsi 11 fois de « propriétaire ». C’était alors le quasiment le seul passage à gué entre le Languedoc et les Boutières, l’autre étant le Pont d’Arc avec son péage.
Le 12 mars 1705, le sieur Arnaud, le même qui avait fait arrêter en Cévennes Jean Roman en 1699, dénonce la présence du chef camisard Castanet à Vallon qui tenait des assemblées dans les bois et les cavernes à proximité, alors que Bâville le croyait à Livron.

Voir le Pont d’Arc, les Gorges de l’Ardèche, (descente Canoës et kayak) la Grotte Chauvet, Aven Orgnac (17 km).
Grotte de la Chaise, à Salavas, Grotte de l’Ours à Vallon, avec cette inscription « Pour prier Dieu à cause de la révolte. »

Saint-Rémèze

Lors de la sixième guerre de religion, en 1578 les huguenots s’emparent de Saint-Rémèze et de Pailhères, puis Charmas, Soyons et Le Pouzin. En août de la même année, lors de la réunion des Etats du Vivarais à Privas, une messe fut dite au cours de laquelle : « tous, protestants et catholiques, promettent de vivre, se maintenir et conserver les uns avec les autres en bons amis et compatriotes. » Ceci n’empêcha pas que l’église de Saint-Rémèze, soit pillée et saccagée deux ans plus tard.

La première mention connue de l’église de Saint-Rémèze figure dans un document daté de l’an 877.
Saint-Rémèze est situé sur un plateau calcaire dont les falaises bordent la rivière Ardèche. Son climat méditerranéen y permet la culture de la vigne et de la lavande. Il y eut également une activité de sériciculture.

La grotte de la Madeleine fut découverte en 1887 par un berger, Germain Rigaud, à 50 mètres au-dessus de l’Ardèche ; Elle comporte 25 salles. A voir également le rocher de la cathédrale, aven-grotte de Marzal et le zoo préhistorique.
On compte une vingtaine de dolmens et des vestiges préhistoriques datés de plus de 35.000 ans.
Ce village situé sur le plateau des Gras, un peu retiré des grandes voies de communication, servit de refuge pour les prêtres réfractaires lors de la révolution.
Le nom de Saint-Rémèze vient de Rémési : Rémi.

Bidon

Au cœur du plateau calcaire des Gras, entourée de bois de chênes verts et blancs, de cades et de micocouliers, Bidon, auparavant rattachée à Saint-Maurice d’Ardèche, est devenue une commune indépendante en 1780. Une visite du village permet d’en voir les ruelles, les voûtes et les linteaux.

A proximité on retrouve des dolmens, les plus célèbres sont le dolmen de Champ-vermeil, avec sa chambre mortuaire de 2 mètres de long, le dolmen de Pradèches, également le menhir de Grosse Pierre, orné d’une croix.

Le dolmen de Champ-vermeil est classé Monument Historique depuis 1910 ; le poids de sa dalle de couverture est estimé à une dizaine de tonnes. Ce dolmen est représenté sur la fontaine Dona Viena, place du champ de Mars à Bourg-Saint-Andéol.
A signaler que la célèbre grotte de Saint-Marcel d’Ardèche se trouve sur le territoire de la commune de Bidon.
A Bidon : le musée de l’Ardèche méridionale et le musée de la vie.

En ce qui concerne les personnes partant en exil, Samuel Mours, dans son ouvrage « Le Protestantisme en Vivarais et en Velay » précise :
« C’est {donc} un exode de trois mille Vivarois qui est ainsi révélé par les listes consultées. Or la population protestante vivaroise atteignait à la Révocation environ vingt-cinq mille à trente mille personnes…. Ce sont les villes qui ont fourni le plus fort contingent de réfugiés… le gros des réfugiés était constitué d’ouvriers et surtout d’artisans : tanneur, tailleur, cordonnier, menuisier, tisserand, faiseurs de bas, chapelier, boulanger, perruquier, relieur, fournier, maçon, peigneur de laine, faiseur d’aiguilles. On comptait aussi une assez grande proportion de personnes exerçant une profession libérale (apothicaires, médecins, chirurgiens, hommes de loi). De même des marchands, des bourgeois et des nobles. » (p.272).
Pour ce qui est des itinéraires et destinations, il indique :

« La grande arche » des réfugiés fut tout naturellement la Suisse. Le Vivarais était même un lieu de passage pour les nombreux cévenols qui tentaient d’atteindre ce dernier pays. Les uns passaient par Vals et traversaient le Rhône au Pouzin. D’autres abordaient le Vivarais par le sud et franchissaient le fleuve aux alentours de Bourg-Saint-Andéol. Quelques- uns, plus rares, continuaient même à suivre la rive droite du Rhône. Une autre route de l’exil suivie par les Cévenols passait aux confins du Velay… les deux voies principales qui s’offraient aux réfugiés vivarois passaient l’une par le Dauphiné, l’autre, la plus commune, par le Lyonnais. Chacune d’elles se subdivisait ensuite et permettait d’atteindre la frontière en plusieurs points. » (p.273).

Saint-Montan

Si l’altitude de la commune est comprise entre 56 et 400 mètres, il ne reste pas moins que l’aspect escarpé de Saint-Montan donne l’impression d’un village haut perché. Ce village revit grâce à une aventure humaine qui a réuni 10.000 bénévoles depuis les années 1970, le faisant passer de son état de ruine à celui d’un village maintenant habité à l’année.
Sur place de nombreux documents et témoignages permettent de comprendre l’histoire de ce village médiéval et celle de sa restauration.
Saint-Montan tire son nom de l’ermite Montanus, au V° siècle.

Le plus ancien village aurait été détruit au VII° siècle lors d’une invasion sarrasine. Le château actuel aurait été édifié entre les X° et XIV° siècles puis endommagé lors des guerres de religions à la fin du XVI° siècle. Gaspard II de Coligny le prit d’assaut et y installa son camp en 1590.

Le village a compté jusqu’à sept maisons fortes, trois églises et la citadelle féodale. La circulation interne s’y fait par un dédalle de ruelles, souvent très pentues. Trois portes fermaient le village.

En aval du village il y a plusieurs grottes, dont la grotte de l’ermite.

Pont Romain

Le pont romain a été construit aux II° et III° siècles ; il comporte 11 arches, au-dessus de la rivière Escoutay. Il est classé monument historique. A proximité se trouve Viviers avec son palais épiscopal et sa cathédrale. L’évêché, précédemment situé à Alba la Romaine, fut transféré à Viviers au V° siècle. La commune tire son nom des viviers qui alimentaient Alba. L’évêque Charles La Font de Daline fut le premier évêque à jurer fidélité à la Révolution. L’évêché fut supprimé et rattaché à celui de Mende durant une trentaine d’années.
Lors des Etats du Vivarais en 1541 le vicaire demande de l’aide pour : « extirper en tout la maudite secte luthérienne. » En 1562 Viviers devient place forte protestante.
En 1586, concomitamment les catholiques se réunissent à Viviers et les protestants à Alba pour chercher un moyen de coexistence en Vivarais.
Saint-Thomé

C’est un village perché, au confluent de trois rivières. Village méridional typique, avec des vestiges gallo-romains, deux églises, Saint-Thomas et Saint-Sébastien et un château édifié au XII° siècle, mais probablement sur un donjon antérieur dont l’histoire n’est pas connue.

Mélas / Le Teil

Le baptistère de l’église Saint-Etienne de Mélas est un bâtiment qui a été remanié au cours des siècles. Il a été classé monument historique en 1868. Au III° il y avait des termes, puis aux VI° et VII° il devient une nécropole, au XII° une chapelle est édifiée ; des fouilles récentes laissent à penser qu’il y avait un cloître. La création d’un monastère de femmes au VI° siècle, par Frégégonde est attestée : « Moi Frégégonde, consacrée à Dieu, j’ai fondé un monastère de religieuses à Mélas, en l’honneur de Saint-Etienne et de Saint-Saturnin. J’y ai vécu pendant neuf ans et y finirait mes jours. »

Le Teil tire son nom de la colline du Tillard sur laquelle Adhémar de Valentinois construisit son château-fort au XII° siècle. Château détruit au XVII° Adhémar ajouta Monteil à son nom. En occitan lo tehl = le tilleul. Le Teil est situé sur l’ancienne voie romaine qui passait par Alba pour relier Nîmes à Lyon.

Meysse

L’église romane Saint-Jean Baptiste avec son baptistère fait partie de l’itinéraire clunisien reconnu Itinéraire Culturel du Conseil de l’Europe. Cette église a fait l’objet d’une dispute entre l’évêché de Viviers et les moines de Cluny. Au final, cette église sera attribuée à l’évêché et l’église de saint Vincent de Barrès aux moines de Cluny.  Ce baptistère est un des rares bâtiments attestant de baptêmes par immersion dans le cadre de l’église catholique romaine.

Les églises de la Réforme sont bien établies à Meysse dès le XVI° siècle ainsi que l’atteste la décision du synode de Villeneuve de Berg qui confie en 1583 au pasteur Dugas la desserte des paroisses de Meysse, Le Pouzin, Baix, Saint-Julien, St Alban, St Symphorien, Bressac, St Vincent de Barres.

En 1666 est organisée à Meysse une controverse de 3 jours entre le ministre Charrier et le père Brossard sur la question de savoir « si la religion romaine d’aujourd’hui est la vraie église. »
L’Edit de Nantes n’accordera pas de place de sûreté aux Protestants du Vivarais, mais Baix sera « place de mariage » = garnison mi-catholique, mi- protestante et 5 places particulières seront confiées à l’autorité protestante : Vallon, Vals, Privas, Le Pouzin, Saint-Julien-Boutières.

C’est tout à côté, à Baix, que Gabriel Astier traversant le Rhône en venant de Cliousclat, en Drôme, aborde en janvier 1689 et commence à prêcher et prophétiser ; puis il poursuivra ensuite pendant une quinzaine de jours à Bressac. De nouveaux inspirés le rejoignent et font de même.

Alexandre Astier, prophète âgé de 20 ans sera arrêté et restera 24 ans aux galères. Il fera partie des 120 galériens libérés sur demande de la reine d’Angleterre et terminera sa vie en Suisse où il rédigera pour Antoine Court le « récit naïf et fidèle » de ses souffrances.

Baix était un lieu de passage connu vers les pays du Refuge. Louis XIII et Richelieu y ont accosté pour leur part en 1629.

Saint-Vincent de Barrès

Saint-Vincent de Barrès est un village médiéval perché, fortifié, niché entre la forêt domaniale du Barrès, à proximité d’une hêtraie remarquable et le plateau basaltique du Coiron, véritable « île volcanique ».

Ancien castrum, Saint-Vincent de Barrès a conservé ses dix tours, son donjon et une partie de ses remparts. Il est labellisé « Village de caractère » et fait partie du « Pays d’Art et d’Histoire du Vivarais Méridional ».

Selon la tradition Jules César serait passé à Saint-Vincent de Barrès lors de la guerre des Avernes. On y trouve un oppidum, une voie romaine et le domaine gallo-romain « Villa Artenica ».

Saint-Vincent de Barrès fut une place forte protestante à la fin du XVI° siècle : des pasteurs s’y succédèrent de 1576 à 1681 et leurs registres ont été conservés. La communauté protestante de Saint-Vincent participe au colloque de Baix en 1563.

En 1585, le capitaine Jacques de Chambaud installe au cœur du village une garnison de seize hommes, destinée à garder les maisons fortes des coseigneurs. En 1586 les protestants de Saint-Vincent de Barrès fournissent une monture au pasteur du Pouzin afin qu’il puisse desservir leur communauté.

Deux épisodes marquant les prémices du siège de Privas de 1629 se déroulèrent à Saint- Vincent de Barrès :

– les 5 et 6 Octobre 1621 : la bataille d’Azinières au cours de laquelle la vallée du Barrès fût le théâtre de ce que le Docteur Francus dans son « Voyage autour de Privas » nomme « la plus grande escopetterie qu’il y eût en Languedoc » : en vue de procéder au siège de Montauban, 6 régiments vivarois y sont envoyés en renfort. Pour sa part, l’armée catholique du Duc de Ventadour devait acheminer depuis Chomérac jusqu’à Pont-Saint-Esprit, par la vallée du Barrès et Rochemaure, 2 grosses pièces d’artillerie. Quatre régiments de 600 hommes, sous la direction de Montréal, furent nécessaires pour convoyer les 2 canons, au prix d’une série d’escarmouches très vives. Avec un corps de 1400 à 1600 protestants commandés par le capitaine Blacons, la colonne catholique dût bivouaquer dans la vallée du Barrès (lieu-dit Le Colombier) et mit 2 jours pour atteindre Rochemaure.
– en 1627 : le vicomte de Lestrange, alors chef des armées catholiques de Privas reprend Saint-Vincent de Barrès aux protestants.

A proximité, il y eut à Saint-Lager-Bressac une importante industrie de la soie avec magnaneries et filatures. On y trouve 3 châteaux : des Mottes, de Granoux, de Fontblachère et des habitats troglodytes à Montbrun. Saint-Lager-Bressac connut une importante mobilisation citoyenne pour sauver la République lors du coup d’Etat de Napoléon III, le 02.12.185. La fusion des communes de Saint-Lager et Bressac fût tumultueuse.

Une expression locale : « Montarem tan que pourem. »

Saint-Symphorien sous Chomérac

L’Eglise de Saint-Symphorien a été construite sur un ancien temple païen. On y trouve des fonds baptismaux du XII° siècle. A voir à proximité le « canyon » de la Payre.
En 1580 à Chomérac, eut lieu une réunion des catholiques et des protestants pour établir une trêve… afin de « s’opposer aux pillards et assassineurs ».
Selon l’enquête de Nicolas du Vesc, vicaire de Viviers en 1583, tous les habitants du lieu sont protestants.  Chomérac a fait l’objet de nombreuses prises et reprises entre les catholiques et les protestants durant la période allant de 1621 à 1629. Lors de la dernière reprise par le Montmorency en 1628, 70 à 120 hommes de la garnison protestante furent pendus, le château et la ville incendiés, le temple démoli. Il sera reconstruit puis à nouveau démoli en 1685. Un nouveau sera bâti en 1837. François Valentin, de Saint-Symphorien, fut emprisonné à Villeneuve de Berg en 1752 pour avoir refusé de faire baptiser dans l’église catholique.

Le Pouzin fut en grande partie détruit par les bombardements durant la dernière guerre. On y trouve encore cependant 2 monuments : le pont romain sur l’Ouvèze, datant du II° siècle et les ruines de l’abbaye Saint-Pierre de Rompon, dite couvent des chèvres, ancien couvent bénédictin détruit par les huguenots au XVI° siècle.
Première église protestante dressée en 1560, la paroisse du Pouzin participe au colloque de Baix le 07/04/1563. En 1569, les catholiques du Comtat-Venaissin échouent dans leur tentative de reprendre la ville.
En 1575, le contrôle du Pouzin et de Baix par les protestants est considéré comme entravant le commerce royal sur le Rhône. En 1578 : déclaration de respect mutuel des catholiques et des protestants du Pouzin.
En 1629 Louis XIII assiège Privas, et regroupe 8.000 hommes entre Le Pouzin et Baix, puis ce sera la signature de la Paix d’Alès, le 28 juin 1629, rétablissant les droits accordés par l’Edit de Nantes, mais non les fortifications.
En 1683 destruction des temples du Pouzin, de Saint-Fortunat et de Chalancon.
De même que Baix et La Voulte, Le Pouzin était connu comme lieu de traversée vers le Dauphiné, par les îles du Rhône, passages également empruntés par les pasteurs et prédicants revenant depuis la Suisse en Vivarais et en Cévennes.